de_DE

EXPOSITION DE 1958 à la Galerie Marcel Bernheim

EXPOSITION DE 1958
à la Galerie Marcel Bernheim

ROLF

Préface au catalogue par Guy DORNAND

 

1934… 1950… 1953… 1958, quatre millésimes, quatre expositions que relie à travers la multiple diversité de sujets et même celle des factures, une double constance : la personnalité du peintre et sa possession du métier. Tenter de la définir, c’est se condamner comme Louis Vauxcelles autrefois, comme Maximilien Gauthier et moi-même, naguère, à reprendre les mêmes termes pour constater la vigueur foncière d’un tempérament plus nordique que latin, la vitalité d’une sensibilité virile qui « maçonne de puissantes figures sculpturalement contruites ».

 

Le kaléidoscope des méditations que lui propose sa vaste culture possède un instrument idéalement souple d’expression dans sa complète connaissance de l’artisanat du peintre, autrement dit des moyens de résoudre les problèmes matériels de la peinture : dessin, composition, chimie des couleurs, facture. Nul parti-pris ne limite le champ de sa vision non plus que sa technique, ainsi la voie est-elle libre devant l’effusion de son inspiration.

 

Ainsi, au gré de sa volonté (mue par quelles ondes mystérieures ?) vont surgir sur la toile, tantôt camaieux géants, des figures monumentales de style expressionniste pétries dans une pâte drue très modulée… tantôt d’énigmatiques madones refermant leurs paupières sur le secret de leur sourire.

 

Mais l’édénique lumière blanc-bleu qui les baigne va s’intensifier pour éclaircir et rehausser de contrastes accusés des natures mortes vigoureuses ; elle s’irradie ensuite comme au plein midi pour accentuer les rythmes linéaires de paysages aux plans sonores qu’organise puissamment un sens architectural de la composition.

 

Mais ROLF revient, d’instinct, au thème majeur de sa prédilection : à l’humain. Alors, naissent de lui des maternités qu’anime la reconnaisance de l’homme comblé envers l’épouse féconde, l’immémorial appel de l’Espèce envers la Venus Génitrix ; alors il se complaît à célébrer le geste éternel des tendresses enlacées – celle du couple soucieux du seul Amour…

 

Et voici ROLF fuyant l’anecdote de l’individuel pour ne tendre qu’à l’expression globale de l’Etre, parmi les figures haussées au rang de symbole, des figures dont s’effacent les traits pour devenir synthèses du visage humain dans l’ellipse de la tête inclinée et l’arabesque du corps cambré.

 

Guy Dornand.